Vivre c’est être détruit.Le problème est de savoir ce que l’on fait de cette destruction.
Ou bien l’on donne chaleur et lumière, comme la bûche,
ou bien l’on pourrit.
Georges Haldas
Puis, ai renoncé.
Que pourrais-je dire que tu ne sais déjà, que tu n’as pas déjà lu mille fois ?
Je ne sais pas, je ne sais plus.
Même vouloir a disparu.
Pourtant qu’est-ce que j’aime ce moment
Où après un dernier éclat d’or
Les couleurs sortent du décor
Et où chacun de mes pas ne peut s’empêcher de composer
Une musique de papier froissé.
Alors marcher. Oui, marcher des heures durant.
Assez pour sortir de moi,
Sortir de mes pensées, qui sans cesse retournent vers toi.
Saluer cet arbre blanc qui se balance doucement
Sourire à ses petites feuilles emportées par le vent
Le laisser m’apprendre l’art de la perte et du détachement
Les cadeaux sont parfois repris, les bonheurs engloutis
Accepter de les pleurer sans s’y accrocher
Et surtout leur dire merci
D’avoir illuminé une partie du sentier.
Si tu fermes les yeux, tu verras…
Qu’en aucun cas l’arbre n’a peur du noir ni du froid
Il porte gravé dans son bois
La foi que le printemps reviendra.
Pour l’instant, c’est l’heure du grand dépouillement
Comme chaque année
Je, tu, nous, sommes conviés
À entrer dans l’obscurité
Au loin, des coups sourds.
Une pelle cogne contre la terre
Et je ne sais plus très bien qui on enterre
Mes entrailles pleines d’amour
Ou mon coeur si lourd… ?
Qu’elle soit un choc ou une résolution
Un passage ou une transformation
Plus que jamais aujourd’hui,
La mort fait partie de ma vie.