« Viens avec moi.
François Garagnon
Je vais t’amener à la Maison du silence-qui-parle.
Tu vas voir : c’est tout à fait
l’endroit qu’il faut pour ceux qui ont soif. »
Chers coloca-Terres,
J’espère que cette lettre trouvera son chemin dans le flou et la confusion qui règnent actuellement en la majorité d’entre nous et naviguera jusqu’à vos âmes en quête de vérité et de réalisation.
Je ne fais pas exception aux grandes amplitudes énergétiques qui tantôt me portent vers des sommets de clarté, tantôt m’emportent dans les tréfonds de mes plus belles noirceurs. À peine suis-je parvenue à entrevoir une voie, un passage, à oser suivre une trace qui semble mener vers un destin qu’aussitôt elle m’échappe, se dérobe sous mes mains avides de réponses et de sécurités. J’apprends inlassablement à revenir dans le centre aimant de mon être, à me soutenir et à consolider la confiance que j’ai en mes propres capacités à me sortir de situations ou d’états d’être dans lesquels je me sens séparée de tout et de tous, à commencer par moi-même.
Dans cette douce folie qu’est la vie, il nous est donné la possibilité d’aller quelque part,
De n’être plus ici.
J’ai récemment cédé à cette envie « d’aller voir ailleurs si j’y suis ».
Je me suis offert la liberté, la rencontre et les défis.
Destination l’inconnu, l’immensité et le sauvage.
Ah ! Mon grand petit Voyage…
Si tu savais comme j’ai tremblé
De peur de ne pas être à la hauteur
De ce que tu avais à m’offrir
De peur que tu ne sois qu’un pâle reflet
De ce que j’avais imaginé
Qu’il est dur ce passage,
De l’aventure intérieure à la réalité extérieure
Qu’il en faut du courage,
Pour traverser ce monde, aller à la rencontre de nos paysages.
Tu m’as convoquée entre ton soleil écrasant et tes froids saisissants.
Tu as tenté de me dissoudre, de briser la coquille, refaire circuler du neuf là-dedans.
J’ai longé ton bleu profond, jusqu’à ne plus distinguer le fleuve de l’océan.
Là où le soleil reste haut et insolent plus de vingt heures durant.
Sur des milliers de kilomètres, j’ai goûté toutes tes nuances et la joie d’avoir le temps.
J’ai pris une leçon d’art naturel,
En côtoyant les profondeurs et ses géants sans pareil.
Comme les baleines, j’ai plongé sous la surface,
Et osé vivre le lien dénué de toute menace.
Ah, mon grand petit Voyage !
Merci de m’avoir rappelé
Qu’il faut savoir perdre sa route
Pour mieux se retrouver.
Merci de m’avoir guidée dans des contrées où l’intensité a le droit de cité.
Où il y a toute la place d’exister sans gêner celui d’à côté.
Où même le mot limité semble avoir été oublié.
Car oui, Tout est plus grand ici,
Même l’amour, même la peur.
Merci d’avoir élargi les allées de mon cœur.
Je me perdrai encore mais je n’oublierai pas
Nouvelle corde à mon arc
Nouvelle terre à mon ciel
Pour guider mes pas
Encore une fois
Arracher la joie
Retrouver la foi
Celle qui sait si bien embrasser l’envie tenace de baisser les bras.
Celle qui a le parfum de l’hospitalité
Et le goût de l’humanité
Se perdre et se retrouver
Tomber et se relever
Accoucher de soi
Encore
Une
Foi