Rentrer

Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit.
Khalil Gibran

Rentrer.
Un mot d’actualité qui signifie littéralement « entrer à nouveau » et qui implique d’être au préalable « sorti » ou « parti ».
S’il y a un temps pour les vacances, la transe ou l’oubli, il est tôt ou tard suivi par celui du retour à une réalité, à des responsabilités, aux mystérieux sentiers empruntés par notre destinée. 
Dans son immense générosité, le jeu de la vie incarnée offre la possibilité de nous égarer, par nécessité de survie, par peur ou par lubie, de mettre de côté nos projets, nos rêves et nos envies.
Mais cette liberté a souvent le goût des larmes, l’amer de l’errance, le vertige du silence, le parfum nostalgique du sel de la vie. 
Car s’il est des vacances que nous payons au prix fort, de souffrances en inconforts, ce sont celles que nous prenons sans compter avec notre profonde vérité.

Lorsqu’un nuage en passant nous prive de la chaleur tant convoitée du soleil, nous pouvons pester, nous mettre en quête d’un autre radiateur extérieur, ou en profiter pour découvrir la capacité naturelle de notre corps à se réchauffer.

De même, une société dont le ciment depuis longtemps disparu laisse entrevoir des pierres fragilisées prêtes à s’effondrer, peut autant conduire à la panique, la révolte ou le déni, qu’à l’opportunité d’aller puiser le bon sens et l’intégrité au seul endroit qui a le pouvoir de nous rendre solide, libre et vivant à tout instant : à l’intérieur de soi. 

Alors faire retour dans mon ressenti, dans mon quotidien, dans ma famille d’humains, c’est d’abord accepter d’en être parti. C’est prendre mon bâton de pèlerin et m’enfoncer dans la nuit.
Consentir à me faire avaler par l’ombre de mon amnésie. 
Les yeux grands ouverts, face au mystère que je suis.

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