« C’est quoi en fait un atelier d’écriture ? » me demande-t-on souvent, mi-séduit par l’idée, mi-froissé par le souvenir d’une scolarité bien bordée.

Qu’on se le dise : un atelier d’écriture est tout sauf un cours d’écriture. 

Pas de leçon, pas de correction. Toutes les idées sont respectées, toutes les formes acceptées. Ici, l’école diffère. Elle devient buissonnière.

S’en aller

Chacun vient là décidé au voyage, avec pour tout bagage, ce qu’il est en cet instant.

On reçoit une proposition d’écriture comme une main tendue invite à franchir le pas vers un chemin inconnu. Faire parler un objet, inventer un endroit qui n’existe pas, écrire la page arrachée d’un roman, dépouiller un texte jusqu’à l’os, … Et puiser partout en soi « les mots pour le dire ».

Privé du « je », encombré du « il », embarrassé d’une phrase peu docile, le stylo gratte la surface du papier, se cogne aux contraintes imposées et persévère en claudiquant joyeusement.

Ecrire

Dans un collectif toujours bienveillant,on découvre que le sentier se trace en avançant.

Traversant de drôles de paysages, les lignes défilent au rythme de la pensée qui chemine sur la page. Entraîné par la pointe du crayon, c’est très naturellement qu’on expérimente le pouvoir du récit, la puissance des dialogues, la subtilité des choix narratifs.

Sous les regards qui se croisent, quelques virgules se font la malle, tandis que certaines plumes restent suspendues au cou d’un mot perdu. Parfois ça grince, parfois ça glisse vers une autre histoire, et souvent, très souvent, ça va de soi. Il n’y a rien à gagner, rien à prouver. La seule urgence est d’accueillir les mots qui, là maintenant, acceptent de se déposer sur le papier.

Lire

D’une voix ronde et pleine ou bien du bout des lèvres, on dépose son récit naissant au creux d’oreilles attentives. Au virage d’une lecture, de temps en temps, une émotion nous surprend. La nôtre ou celle de l’autre… Est-ce bien important ? C’est le moment d’apporter dehors ce qui naît dedans.

Ecouter

Honoré, surpris, ébahi, enchanté… Comment décrire le plaisir troublant provoqué par ces autres qui à leur tour se dévoilent, se déclament et partagent un peu de leur voyage ? Les mots qu’ils ont tricotés s’enroulent en écharpes timides autour de nos coeurs. Il fait si froid dehors. Si doux à l’intérieur.