Heureux ceux qui n’aiment pas trop tôt.
Heureux ceux qui ne savent pas trop tard qu’ils aiment.
Heureux ceux qui n’aiment pas trop tôt.
Heureux ceux qui ne savent pas trop tard qu’ils aiment.
Gustave Guillaume
Je marche et je lui tiens la main.
Une main solide et ferme, une main qui n’attend rien, une main qui tient, une main qui retient.
Une main que je n’ai pas peur de lâcher, ni de retrouver.
Une main que j’aime, qu’elle soit tout loin ou juste à côté.
Parfois je la traîne. Ou bien c’est elle qui m’entraine, qui me presse pour que je sente à travers elle, qu’il est là et qu’il m’aime.
J’ai bien pensé à garder ce verbe pour le dernier jour du calendrier, mais comme tu le sais, l’amour surgit toujours au moment où on l’attend le moins ! Il débarque et chamboule tous nos plans. Ou bien s’installe progressivement. Il nous fait oublier tous les rendez-vous manqués, toutes les épines dans nos pieds. Petite flamme fragile, qui peut autant servir à éclairer qu’à tout brûler. Il vient surtout nous défier de la maintenir allumée.
À l’instar de Noël, l’amour résonne pour beaucoup d’entre nous comme une fable pour enfants, une illusion qui ne dure qu’un temps, une promesse mal tenue dont les victimes se ramassent à la pelle.
Il n’est pourtant pas encore interdit d’en raviver la magie.
C’est même là tout l’esprit… de Noël.
Ça commence par soi.
Oh, j’imagine combien tu en as marre d’entendre ça…
Je comprends que tu en crèves de cet amour qui ne vient pas, qui ne dure pas, qui ne se réinvente pas. Que tu en rêves de cet amour qui ne fane pas, qui n’étouffe pas, qui n’oublie pas.
Aller puiser au fond de soi cet amour-là demande du courage, et tu n’en manques pas.
Parce que se jeter dans la jungle du deux sans avoir appris à s’aimer au singulier me semble bien prétentieux.
Te viendrait-il à l’esprit de partir vivre en forêt sans t’être au préalable assuré de pouvoir allumer un feu ?
Qui prétendons-nous aimer, si nous ne nous sommes jamais rencontré ?
Que saurons-nous de ce que nous avons à offrir, si nous n’avons jamais essayé de le découvrir ?
Quand cesserons-nous de courir après un autre qui pourrait enfin nous remplir ?
Quand en aurons-nous assez de quémander le plein face à des mains vides et des regards lointains ?
J’ai rencontré l’amour.
Un peu tardivement.
J’ai compris qu’il était là depuis toujours.
Que ce n’était pas moi qui l’attendais désespérément,
Mais lui qui attendait que je me choisisse assurément.
Que je devienne la première élue de mon cœur ouvert.
Avec lui, je peux traverser les plus rudes hivers.
Oh, je ne te dis pas qu’on est toujours au diapason…
Mais il n’y a aucune tempête que nous ne traversions.
Je n’aurai jamais fini d’en explorer tout le ciel.
Comme l’aube annonce chaque jour un nouveau soleil,
Il résonne comme un profond engagement,
D’un amour à jamais naissant.
Sarah Morisse