La marge c’est ce qui tient le livre.
On ne doit pas souffrir d’être à la marge,
on est du côté qui tient.
La marge c’est ce qui tient le livre.
On ne doit pas souffrir d’être à la marge,
on est du côté qui tient.
Jean-Luc Godard
Ce soir, je suis fatiguée.
J’ai passé la semaine à courir après un temps que je n’arrive pas à rattraper.
Cela me semblait d’une effroyable banalité, avant de réaliser que c’était exactement la matière qu’il me fallait.
Parce qu’elle me permet de te parler d’une amie récente avec laquelle j’apprends à me familiariser : l’autorité. Avant, je la prenais pour un ours mal léché, rabat-joie, un despote ringard et bedonnant. Ou, lors des jours meilleurs, pour une sorte d’inspecteur obsédé par le bonne application d’une règle extérieure.
Mon regard sur elle a bien changé. Elle représente désormais un mélange de douceur et de responsabilité. Et si tu es sceptique, je t’invite à essayer :
Je m’autorise.
Non, pas comme ça… Concentre-toi.
Je m’autorise.
Si tu le peux, prononce à haute voix. Les mots sont des vibrations, laisse résonner leurs sons en toi.
Je m’autorise.
Bien. Tu sens comme c’est bon ?
Bien bien mieux qu’une attestation… Une formule magique digne de ce nom.
Utilise-la autant que tu le voudras.
On y va ?
Je m’autorise à être en retard.
Je m’autorise à être décalée.
Je m’autorise à être atypique, sensible, inadaptée, haut potentiel… Franchement, merci pour le cocktail.
Je m’autorise à sauter d’une case à l’autre quand on veut m’y ranger.
Je m’autorise à être géniale et misérable.
Je m’autorise à ne pas être toujours gentille et bien élevée.
Je m’autorise à te montrer le dragon qui sommeille en moi si tu ne me respectes pas.
Je m’autorise les passages à vide et les grandes jubilations.
Je m’autorise à dire non.
Je m’autorise à faire des fautes d’accord ou de conjugaison.
Je m’autorise à être comme toi.
Je m’autorise à être celle qui rayonne.
Je m’autorise à n’être personne.
Je m’autorise et ce faisant, je reconnais ma propre autorité, mon pouvoir de décider, ma liberté d’orchestrer ma vie comme je l’entends.
Quelle permission voudrais-tu t’accorder ?
Reprends ton pouvoir, reprends ta liberté.
Fais confiance à ta propre responsabilité, encourage celle de celui d’à côté.
Va débusquer en toi ces endroits qui croient encore que ta réalité dépend d’une autorité extérieure.
Va rencontrer le dictateur en toi, celui qui pour ma part, aimerait confiner chaque membre de l’humanité au pied d’un arbre pour une durée indéterminée.
C’est le même oppresseur qui parfois, m’empêche de m’exprimer.
Et si, pour cette fin d’année, on s’offrait le droit d’exister ?
Sarah Morisse