Entre le souffle et le cri
Que saurons-nous de la gestation du silence
De cette paix, venue du fond de nous,
De cette violence
Que saurons-nous de leurs traces
sur notre neige inquiète ?
Entre le souffle et le cri
Que saurons-nous de la gestation du silence
De cette paix, venue du fond de nous,
De cette violence
Que saurons-nous de leurs traces
sur notre neige inquiète ?
Jean-Pierre Spilmont
Si l’on a pu en partir facilement, le retour à la maison est parfois plus lent. Il passe par une intimidante porte d’entrée, notre volonté de ressentir consciemment, dont le corps est la clé.
Il n’est pas toujours nécessaire de repartir en arrière, d’aller revisiter le passé pour faire l’inventaire de tous les mensonges, tous les abandons, toutes les absences, tous les manques, toutes les violences silencieuses ou à découvert…
Comme un chat déposant son trophée de chasse à nos pieds, la vie se charge de nous rappeler ce que nous avons mis de côté. En nous apportant les exactes situations, les parfaites relations pour réactiver nos blessures, elle nous offre l’opportunité de revivre autrement ce qui attend d’être libéré.
Notre première réaction bien souvent est de grimacer devant le cadeau mal emballé, telle la souris égorgée gisant sur notre pavé.
Pourtant, là est la thérapie. Il n’y a rien à faire, rien à dire.
Tout à ressentir.
Ressentir, pour le corps, c’est l’équivalent de se donner de l’empathie, ça ressemble à entourer de nos bras un enfant, un ami, et lui murmurer « je suis là, je te vois ; voilà, c’est fini… ».
Ressentir, c’est écouter avec tous nos sens, avec toutes nos cellules, sans préjugé, sans intention, chacune de nos réactions. Et accompagner leur expression.
Accepter de ressentir ma douleur, ce mal qui m’ouvre le ventre en deux, qui me poignarde le cœur, qui me noue, qui me serre, me comprime et m’oppresse.
Saluer la peine, l’humiliation, la haine, le chagrin. Vaciller, frapper, rugir, détruire, déverser de terribles mots, éclater en sanglots.
Le prix à payer pour circuler sur l’autoroute de l’humain entier.
Pour virevolter, rire et chanter, pour vibrer, rayonner, aimer.
Accéder aux plus hautes instances de mon corps et enfin tomber d’accord.
Retrouver sa puissante capacité à me guider.
Comblée ou dévastée, consentir à m’effondrer.
Laisser la vie me traverser.
Sarah Morisse