Terres d'intuition

Une fleur qui pousse dans le bitume

Je m’appelle Sarah et j’aime les détails enneigés et les sommets croustillants – et inversement – et puis aussi les volutes brûlantes s’échappant du thé qui m’attend.

Premier contact

A 3 ans, je rencontrais l’alphabet avec une étonnante familiarité. A 9 ans, j’explorais le monde et j’apprenais les gens en lisant, lisant, lisant. A tout moment, je m’évadais par la pensée pour rejoindre mes héros préférés, vivre des aventures exaltées. Sans le savoir, je commençais doucement à tordre le fil de ma réalité.

Lycéenne, je dépannais les copains pour un devoir de philo ou un texto, avec toujours en stock le-mot-qu’il-faut. A 17 ans, je tanguais déjà entre deux mondes. Celui du rêve et de l’imagination, celui du concret et de la matérialité. Mon corps adolescent s’épuise de ce ballottement incessant. Si l’extérieur se voulait intéressant, l’intérieur me semblait plus gourmand.

Questions reportées à plus tard, je me laisse emporter dans un usuel (accidentel ?) parcours occidental. Hautes études, diplôme, emploi, échelons, félicitations, frustrations. Dans le rang. On me dit brillante alors que tout en moi s’éteint lentement.

Remonter le courant

A 25 ans, je crée mon entreprise, comme ça, pour voir, pour prendre une inspiration entre deux réunions. Parce que j’avais un travail sérieux, sinon.

A force de découper le mur de ma confortable prison, je finis par sortir du bureau mal ventilé, du costume mal taillé, du sentier tout tracé. Dehors m’attend ce que le récit m’a toujours chuchoté, la liberté. Soudain il est urgent d’agir et de tout quitter. Partir pour me tromper peut-être, mais partir pour essayer.

L’ingénieure chef de projets de développement durable devient la rédactrice freelance idéaliste, pleine de fougue et de convictions. Une bipède amoureuse de la nature, qui collectionne les belles randos autant que les jolis mots. Lire, écrire, marcher. Voilà mon tempo.

ExkiMots naît sous le soleil de la Méditerranée avec un nom en forme de terres polaires, d’igloos douillets, de sourires bâtonnets, de capuches en fourrure, de desserts glacés et de tendres bisous de nez gelés.

Pressentiment, intuition ? L’histoire ne le dit pas.

La suite se déroule à Annecy. Lorsque j’ai posé mes valises dans cette jolie ville que dans les Alpes on appelle Venise, j’ai su qu’ExkiMots avait trouvé sa banquise.

Ici, depuis 2014, j’écris. Pour moi. Pour elle, pour lui. Et pour vous aussi. J’empile des mots sur les étagères de ma vie, je tricote des phrases à l’envie, je souffle des textes et des particules d’autrui pour mieux disperser l’infini.

Avis de tempête(s)

Mon quotidien entre lac et montagnes n’est pas à l’abri des bourrasques. La fuite de la banalité, le rejet des modèles de vie standards, le refus de connaître à l’avance ce qui va se passer, le malin plaisir que je prends à sauter d’une case à l’autre quand on veut m’y ranger… Tout ceci a un prix, et ce n’est pas celui de la tranquillité d’esprit ! L’avantage quand on aime le changement, c’est qu’on apprend à naviguer par tous les temps.

« Ne demande jamais ton chemin à celui qui sait. Tu pourrais ne pas te perdre ! »

Simone Bernard-Dupré

Me perdre, oh ça oui. Dans la nuit noire de l’âme, je me suis perdue. Pour mieux me rencontrer. Faut-il avoir été brisée pour s’ouvrir au plus vaste par nos fissures, pour déployer nos ailes depuis le cœur de nos blessures ?

Ce qui est sûr, c’est que le feu de la souffrance a embrasé tout ce que je n’étais pas. Mise à nue, l’errance m’a conduite à choisir les habits que je voulais porter, à ouvrir des portes, à enquêter, remettre en doute, redoubler d’effort pour extirper mes ailes du mazout. Je découvrais sous la surface goudronnée de ma personnalité une nouvelle intimité bien moins étriquée, un jardin entier qui n’attendait qu’à être cultivé. Un espace où l’être ne peut en aucun cas être atteint, abîmé, piétiné. J’y ai semé, j’y ai planté. J’y suis devenue une fleur qui pousse dans le bitume, qui résiste à l’amertume.

Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles

En 2017, tout bascule. Encore… Les fêlures auraient-elles fragilisé l’édifice ? Ce que je sais de moi et du monde vole en éclat. Les mots soudain sont étroits, limités, ne suffisent plus pour décrire les informations faites d’émotions-images-sensations que je perçois. L’extraordinaire s’invite à la table de mes journées.

« tu guettes chaque syllabe, tu vas comprendre, tu comprends un instant, tu oublies et c’est de ça que tu te souviens, de cet éclat où soudain toutes les lumières se réunissent, toutes les poussières, où chaque chose est autre chose, et autre chose même chose, l’identité est un puits noir, rien n’y est identique, tu vois en sortir des images, des formes, des contours, tu dis, je tu on, on tu je, ou tu on, jours, gestes, corps font un fleuve de reflets, ils dansent, se touchent, se perdent, tu dis voilà, c’est la vie »

Jacques Ancet

Mes lectures assoiffées sur le développement personnel, la psychologie, la philosophie ou l’étude de la conscience… Rien ne m’avait préparée à ce que l’univers m’invite à passer de l’autre côté. Fascinée, grisée, irrésistiblement attirée par cette vie derrière la vie, je me dissous dans la magie. Il n’y a plus de bords, plus rien qui me contienne. J’en oublie d’être moi-même.

De la réalite au réel

Expérienceuse spontanée des états de conscience modifiés, guérisseuse autodidacte, étudiante en spiritualité… J’apprends à discerner, à rapporter mes enseignements de lumière pour les mettre au service du vivant et de la matière. Ma vie devient un lieu alchimique et artistique d’où surgit une autre manière d’être au monde. En acceptant mes limites d’incarnation, je tolère bientôt celles de mes amis les mots. C’est l’heure de la réconciliation. « Il n’y a pas de hasard, trouvez le sens » disait ce bon vieux Jung. Et s’il m’avait été donné d’aimer autant les mots, de naviguer avec aisance dans la palette de leurs nuances, pour être en mesure de traduire de plus subtiles fréquences ?

  « Notre langue est sacrée. Veillons sur elle comme sur une lampe qui éclaire la nuit du monde. »

Christiane Singer

Un pied dans le visible, un pied dans l’invisible, je continue de parcourir les chemins énigmatiques de notre relation au langage et au monde. Un monde nouveau dans lequel les mots ne sont pas que des mots. Alignés avec les pensées, les paroles et les actes, ils sont des catalyseurs. Ils portent en eux toute l’étendue de notre pouvoir créateur.

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